Le pasodoble Chiclanera fait partie de la bande son du XXe siècle espagnol. C’est une chanson composée par Luis Vega, décédé en 1982, Rafael Oropesa (1893-1944) et Antonio Carmona (1908-1988). Elle est devenue extrêmement populaire depuis son interprétation par le chanteur Ángel Sampedro Montero, connu artistiquement sous le nom « Angelillo », dans le film Centinela, alerta, tourné et enregistré en 1936 et dont l’action se déroule au beau milieu de la guerre civile. Le film a été réalisé par Jean Grémillon et Luis Buñuel, qui a dû terminer le montage pour pouvoir finalement sortir le film en novembre 1937.
Dès lors, elle a connu de nombreuses versions, pour la plupart instrumentales, de différents groupes qui la conservent dans le répertoire musicale, une coutume ancienne qui s’étend également aux groupes autours de la dulzaina. Elle a été à nouveau enregistrée par des voix aussi connues que Joselito – avec plusieurs variantes dans les paroles -, Manolo Escobar et Carlos Cano. Ce dernier s’y est référé pour dissocier la copla du franquisme, puisque c’est sa grand-mère qui la lui chantait, veuve du chimiste abattu au temps de la répression de Grenade.
Le dije a mi chiclanera
hasta mañana y me fui
con la moza volandera
que en un colmao conocí.
C’est ainsi que commencent les paroles de ce long métrage d’amour et de désamour, de trahison et de repentance, généralement chanté en clé masculine. L’auteur de la musique, Rafael Oropesa, était chef de l’orchestre symphonique de Madrid, mais au déclenchement de la guerre, il a été mobilisé et a même dirigé l’orchestre du Cinquième Régiment du Général Lister. Après la guerre, il s’exila au Mexique où il mourut.